Auteurs : Mollison Bill - Holmgren David
Ouvrage : Permaculture 1 Une agriculture pérenne pour l'autosuffisance et les exploitations de toutes tailles
Année : 1978
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Permaculture ! Le mot peut surprendre tout d'abord. Et puis, à la lecture du livre de Bill Mollison, l'idée qu'il soit possible de récolter sans semer chaque année, de protéger le sol sous un couvert permanent, de mieux associer cultures et boisement, cette idée correspond à tant de réalités observées en France et dans le monde, à tant d'ingénieux procédés de paysans « permaculteurs sans le savoir », qu'elle paraît vraiment applicable sur une plus vaste échelle que celle des premières expériences décrites par l'auteur. La prairie permanente par exemple ! Douze millions d'hectares en France. Plus du quart de la superficie totale du pays ! Une association végétale qui a fait dire à l'agronome André Voisin1 « qu'une même somme rapporte davantage si on l'applique à l'amélioration d'herbages permanents que si on la consacre au resemis de la prairie ». Les prairies temporaires de longue durée à base de trèfle blanc et de graminées. Un système qui, sous l'impulsion d'André Pochon2 , ce dynamique éleveur breton, est en train de regagner le terrain conquis par le système maïs-ray-grass d'Italie. Une énorme économie d'engrais azotés (donc de pétrole) et de tourteaux, tous deux importés en masse à coups de dollars ! Les éleveurs avec leurs prairies seraient-ils déjà des « permaculteurs » ? Les paysages de Bocage. Associer forêt et cultures, tel est le principe du bocage : des champs et des prés entourés de haies dont les trois étages, les trois « strates », sont celles des lisières de bois : arbres de l'étage arborescent, arbustes du « manteau », plantes herbacées de « l'ourlet ». Le tout sur talus doublé d'un fossé. La haie, double lisière qui s'allonge sur des kilomètres, est, à l'image des lisières de bois, un milieu d'une extraordinaire richesse, par sa flore et sa faune. A la fois brise-vent et réflecteur solaire, régulateur hydraulique et frein à l'érosion, la haie produit du bois d'oeuvre et de chauffage, des fleurs et des fruits, tout en régularisant les espèces animales et en abritant le gibier. Bocage et permaculture, une parenté que souligne bien le livre de Bill Mollison. La coltura promiscua d'Italie centrale. Une autre forme d'association de l'arbre aux cultures est fréquente en pays méditerranéens : l'arbre complanté parmi les cultures. Une arboriculture associant avec une incroyable ingéniosité les oliviers et autres fruitiers, la vigne sur tuteur vivant, ces érables de Montpellier taillés en gobelet et fournissant en outre un précieux fourrage. Et au pied de ces étages arborés, de la luzerne, des légumes, des céréales, une garniture de cultures annuelles irriguées dans une ossature pérenne. Tels sont les paysages de Toscane, d'Ombrie ou d'Emilie, que l'on peut admirer aussi hors des limites italiennes : en vallée du Rhône, en Catalogne, aux Baléares ou en Grèce. Encore la permaculture, culture d'une ossature de plantes pérennes, parmi lesquelles, dit Bill Mollison, « s'insère normalement l'horticulture des plantes annuelles ». La permaculture, agriculture basée sur les cultures permanentes, s'appuie sur un ensemble de techniques très pratiquées dans le monde. Dans les pays tempérés, c'est par exemple la prairie permanente et le bocage (ci-dessus Charoláis). Dans les pays tropicaux, c'est par exemple les systèmes agraires des indiens du Michoacan (ci-dessous) ou du Chiapas au Mexique. Des lignes anti-érosives d'agaves, des arbres fruitiers et fourragers, des haies et bosquets, des cultures annuelles. Photos Dominique Soltner. Les paysages de parc africains. Plus que de bocages, c'est de « parcs » que l'on parle en Afrique : des arbres disséminés parmi les cultures. L'esprit européen en est choqué, mais ce parc est d'une grande sagesse : l'extraordinaire Acacia albida, arbre parasol et fertilisant, est au Sénégal le plus utilisé en parc. A raison de 40 à 50 pieds/ha, il assure gratuitement une fertilisation équivalant à un sérieux apport d'engrais, devenu aujourd'hui presque inaccessible vu son prix. Ailleurs ce sont les karité et néré, manguiers et baobabs, qui fournissent des fruits, des feuilles protéïques, des corps gras et des fibres, et mille substances médicinales ou utilitaires. Des parcs arborés qui font aussi large place aux arbustes en haies, défensives et productives. Les rotations forestières tropicales. Le livre d'Hugues Dupriez « Agriculture tropicale en milieu paysan africain »3 est une grande première : c'est la première fois que sont décrites comme facteurs de vrai développement les associations de cultures pratiquées par les paysans africains. Cet agronome belge, au cours de multiples séjours tropicaux, des zones sèches aux régions humides, a montré, chiffres à l'appui, que les associations de cultures annuelles et pérennes ont une production globale supérieure à celles que produiraient ensemble chaque plante cultivée à l'état pur. Des associations « dans l'espace » : plusieurs étages de plantes telles que caféier, cacaoyer, bananier, manioc, macabo, courges... Et des associations « dans le temps » : non pas tant une succession de cultures, que des cultures qui se relaient progressivement et couvrent le sol en permanence. Des courges occupent le sol après brûlis, puis maïs et haricots, dont émergent bientôt manioc et bananiers. La culture annuelle cède progressivement la place aux pérennes, avec retour éventuel à la forêt qui repose le sol. Bref, il suffit d'observer les systèmes agraires de nombreux pays pour y découvrir quantité d'exemples de « permaculture », cette association harmonieuse de l'agriculture, de la sylviculture, de l'élevage et de l'horticulure. ...
Demolins Edmond - L'éducation nouvelle
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : L'éducation nouvelle Année : 1898 Lien de téléchargement :...