Auteur : Iwen Chris
Ouvrage : Un profond bonheur
Année : 2005
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Je m’appelle Georges, et je vous prie de bien vous en rappeler, car je n’aurais pas d’autres occasions de vous dire mon nom. Cela faisait deux jours que j’avais fait la découverte la plus importante de l’univers. Oh, il ne s’agissait pas du grand univers, cette masse insolente d’indifférence et ce mélange abyssal d’étoiles et de ténèbres. Non, il s’agissait seulement de mon petit univers personnel. C’est-à-dire l’univers d’un enfant de dix ans qui devait lutter jour et nuit contre la vigilance de sa mère pour pouvoir accéder à quelques friandises et goûter un peu de ces liqueurs si agréables que son père protégeait au fond d’une malle. Mon univers personnel, qui me paraissait parfois bien immense lorsque des inconnus venaient à la maison et disaient mon nom, comme si j’avais été une célébrité inconsciente de sa renommée. Mais aussi mon univers personnel, qui me paraissait quelquefois insignifiant lorsque je perdais mes billes au jeu, parce que le joueur en face était plus adroit… et physiquement plus costaud que moi. Deux levers de soleil s’étaient donc consumés depuis que j’avais élucidé le mystère le plus fascinant de l’univers. Mais avant ce triomphe, que je devais absolument garder secret, j’avais cherché et réfléchi pendant des mois. A vrai dire de longs mois d’agonie au cours desquels j’avais souvent perdu espoir et fondu en larmes. Mais mon agonie n’était plus qu’un vieux souvenir sans relief. Seule l’émotion du triomphe habitait mon cœur et me donnait le sourire depuis deux nuits. Mon sourire perpétuel avait fini par éveiller les soupçons de ma mère. Et c’était pour savoir exactement pourquoi je semblais si heureux, qu’elle m’avait fait appeler. L’après-midi et son soleil de plomb imposaient depuis une heure ou deux une ambiance sereine et une atmosphère de torpeur équatoriale. Ma mère était installée dans un fauteuil à bascule, sous le grand arbuste à côté de la maison. L’ombre ne la protégeait pas beaucoup du soleil, et il aurait fallu qu’elle se décale d’un ou deux mètres pour échapper à la morsure de l’astre du jour. Voulait-elle bronzer ? Elle n’en avait pas besoin pourtant, sa peau était aussi chargée de mélanine que la mienne. ...
Demolins Edmond - L'éducation nouvelle
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : L'éducation nouvelle Année : 1898 Lien de téléchargement :...